Présentation de l'histoire

Il était à peine 9 heures du matin et la température dépassait déjà les 30°. C’était comme ça depuis des mois, mais ce matin, les ventilateurs étaient en panne. Ardeth soupira et essuya son front déjà en sueur. Le plafonnier éclairait le laboratoire d’une lumière crue et intense. Celle du jour était oubliée dans cette pièce sans fenêtre. Peut-être avait-il raté sa voie en devenant chercheur en microbiologie. Il aurait peut-être dû se lancer dans le commerce. Peut-être aurait-il eu son bureau dans une de ces tours surplombant Le Nil. Ça devait être le pied de pouvoir contempler le fleuve et les pyramides, simplement en levant les yeux.
En attendant, il devait se concentrer sur son étude moléculaire de la plante d’ikios. Cette plante venant des territoires du sud possédait la particularité de survivre à n’importe quelle sécheresse. Les savants de Toria n’avaient jamais réussi à isoler et reproduire son procédé de conservation. Avec la nouvelle technologie que possédait le laboratoire qui l’employait, il se sentait prêt à relever le défi.
Il se pencha sur la lentille de son microscope quand la voix de son collègue Louis l’interrompit.
— Ardeth ? Ton rendez-vous sera là d’ici dix minutes. Ils ont pris un peu de retard.
Le biologiste releva la tête et fronça les sourcils.
— Mon rendez-vous ? Quel rendez-vous ?
Son interlocuteur esquissa un sourire amusé.
— Tu n’as tout de même pas oublié ? C’est toi qui as gagné la chance de faire visiter les locaux au conseiller Estalm et à son interprète.
Ardeth poussa un grognement. Ça lui était effectivement sorti de l’esprit. Malheureusement, la réalité se rappelait à lui. Et une matinée de travail de gâchée, une ! Il soupira à nouveau.
— Très bien, j’irai les attendre dans le hall.
Louis acquiesça et quitta la salle sans un mot. Ardeth jeta un regard contrarié à son microscope et se leva. Il avait le temps d’aller se chercher une boisson énergisante avant que sa corvée du jour n’arrive. La capitale Memphis accueillait cette semaine là le congrès international des chefs d’état. C’était le souk dans toute la ville avec tous ces diplomates et le renforcement de sécurité qui les accompagnait. Evidemment, il avait fallu que l’un d’entre eux veuille visiter le laboratoire le plus à la pointe du progrès. Et évidemment, ça lui était tombé dessus. Il espérait au moins que l’interprète était doué. Il n’avait aucune envie de se heurter à la barrière du langage en plus de ça.
Après une petite pause de cinq minutes, il arriva dans le hall d’accueil. Là aussi, tout était parfaitement propre. L’hygiène était essentielle dans leur domaine. Il salua la secrétaire et s’adossa face à la porte pour patienter. Il espérait qu’ils n’auraient pas plus de retard que prévu. S’il pouvait boucler ce fardeau en une petite heure, ce serait idéal.
La porte s’ouvrit soudain sur un couple. L’homme d’une cinquantaine d’années aux tempes grisonnantes laissa la jeune femme entrer avec un sourire charmeur. Elle leva les yeux au ciel d’un air amusé avant de se diriger vers le comptoir. Il sentit son cœur manquer un battement. Si c’était son rendez-vous, peut-être y prendrait-il plus de plaisir que prévu.